10 points sur le télétravail
Le travail à domicile n'est pas un phénomène nouveau, mais il connaît de plus en plus d'adeptes. Selon une étude Malakoff Humanis parue en 2020, les employés étaient 16,9% à faire du télétravail alors que les cadres du secteur privé étaient 30% en 2019. Une autre étude de Malakoff Médéric a démontré une augmentation de 700.000 télétravailleurs entre 2018 et 2019.
Cependant, les préconisations du gouvernement pour opter tant que possible pour le travail à domicile a conduit de nombreux salariés à ne plus faire que du télétravail du jour au lendemain. Pour certain ce fut une découverte et pour d'autres une intensification importante du travail à domicile. Le télétravail continu ne constitue pas seulement un changement de lieu de travail, mais également un changement important des conditions de travail. En Effet, certains employés ne disposaient pas d'espace dédié au travail à domicile, et la fermetures des crèches et école signifiait également que la garde des enfants devait se faire au même moment et au même endroit que le travail à domicile, rendant largement poreuse la frontière entre vie professionnelle et personnelle.
En s'y attardant un peu plus, une étude parue dans le France Soir du 7 Avril 2020 indiquait que 53% des actifs travaillaient à domicile alors qu'en Septembre 2020 un sondage Yougov réalisé en Août indiquait qu'ils n'étaient plus que 15% de français (actifs et non actifs) à pratiquer encore le télétravail contre 27% pendant le confinement.
Qu'en ressort-il?
1. Un gap entre Paris et la province
Le contraste est flagrant entre Paris et la province, si les Franciliens pratiquent beaucoup le travail à domicile, les autres régions beaucoup moins : on constate un écart e 50% entre Paris et les régions (43% contre 19%). Certaines régions en particulier pratiquent peu le télétravail comme la Normandie où seulement 11% des actifs sont en télétravail soit 4 fois moins qu'en région Parisienne.
2. Travailler en distanciel, à l'improviste
Pour beaucoup de télétravailleurs du confinement, cette expérience était une première, imprévue et improvisée. 95% des télétravailleurs étaient installés dans leur résidence principale, dans un espace dédié pour la moitié d'entre eux mais il étaient environ 40% à ne pas disposer d'espace adapté au travail à domicile. Les télétravailleurs étaient soit seuls (46%), à deux (40%), ou en famille ce qui pouvait créer une cohabitation quelque peu particulière.
Pendant cette période la Qualité de Vie au Travail (ou en Télétravail) était fortement liée au type d'habitation, à sa dimension, au nombre de personnes en télétravail, des équipements existants, du fait de posséder un ordinateur professionnel (75%) ou personnel (24%), de la connexion...
3.Un télétravail improvisé
D'après l'enquête #Montravailadistance, j'en parle! Seulement 21% des entreprises étaient bien préparées toutefois la moitié (51%) se sont adaptées facilement. 20% ont rencontré des difficultés et 7% n'ont pas réussi à s'y accommoder.
L'accompagnement a clairement fait défaut, 54% des participants à l'enquête Malakoff Humanis disent avoir manqué d'accompagnement comme une formation ou une sensibilisation au risques du télétravail. 2/3 des nouveau télétravailleurs ont rencontré des difficultés (43% d'espaces inadaptés et 48% de problèmes techniques) Le manque de formation est plus flagrant encore dans les retours faits à #Montravailadistance, j'en parle! où 83% des répondant disent ne pas avoirs bénéficié de formation ni d'informations.
Peu d'entreprises avaient déjà engagé les négociations avec les employés en faveur de l'instauration du télétravail, et quand un accord avait déjà été conclu les salariés en avaient encore trop peu connaissance.
4. Des bénéfices et des inconvénients
Les bénéfices du télétravail se résument dans le temps gagné sur les trajets. Selon Odoxa 2/3 des télétravailleurs ont constaté un meilleur équilibre vie pro/vie perso et une meilleur gestion de leur temps. Pour une bonne partie ils ont apprécié l'autonomie et la responsabilité, la facilité de concentration, la productivité et la créativité.
Les inconvénients sont eux plus nombreux : en pôle position le sentiment d'isolement, l'éloignement avec les collègues, #Montravailadistance, j'en parle! et Malakoff Humanis appuient aussi sur la charge de travail voire le temps de travail qui a augmenté, la difficulté de concilier télétravail et vie de famille, entrainant dans certains cas une dégradation de la santé psychologique et des tensions avec l'entourage.
5. Le télétravail en France
Après le 1er confinement, la perception des français sur le télétravail était en amélioration par rapport au mois d'Avril : il lui donnaient la note de 7,3 contre 6,9 précédemment. Ils appréciaient particulièrement la souplesse pour gérer le travail (80%) , la plus grand autonomie et d'avantage de responsabilités (44%) Les avantages portaient principalement sur la facilité à concilier la vie profesionnelle et personnelle.
Le Sondage Odoxa réalisé les 19 et 20 Mai 2020 révèle que les français tiraient un bilan très positif de cette période de télétravail avec près de 9 salariés sur 10 qui indiquant que le télétravail s'était bien passé. Toutefois seuls 48% des français et 46% des télétravailleurs estiment que leur entreprise était suffisamment équipée de moyens modernes de communications pour le télétravail.
6. L'impact psychologique du télétravail
Plusieurs enquêtes ont été réalisées fin Avril / début Mai sur le ressenti psychologique des télétravailleurs. Celle réalisée par Empreinte Humaine a montré que 44% des salariés se trouvaient en situation de détresse psychologique et 25% en risque de dépression nécessitant un traitement médical.
Cette enquête nous indique également que les femmes ont été plus touchées que les hommes puisqu'elles sont 22% à connaître une détresse élevée contre 14% d'hommes.
7. L'impact du télétravail sur la santé physique
Toujours selon une enquête Malakoff Humanis, 27% des sondés estimaient que le télétravail tel qu'ils l'avaient connu durant ces semaines avaient eu un impact négatif sur leur santé physique.
Alors quels 8% des salariés s'étaient vu prescrire un arrêt maladie dans la première quinzaine de Mars 2020, ce chiffre est monté à 12% en Avril, (toutefois 26% de ces arrêts sont liés au
COVID).
Le nombre de personnes ayant renoncé à un arrêt maladie est stable par rapport à l'année précédente. Parmi ces derniers 21% l'ont fait parce que leur état de santé ne les empêchaient pas de
travailler. Plus inquiétant, en Avril 34% des sondés ont renoncé à au moins 1 soin durant le confinement dont 10% concernent des hospitalisations, 41% des soins dentaires, 27% un suivi médical
régulier pouvant occasionner un risque à long terme, notamment dans le traitement des maladies chroniques.
8. Concentration de productivité
Une étude de la Harvard Business School et de l'université de New York démontre que les salariés en télétravail consacrent 48,5 minutes de plus chaque jour à leur travail, soi un total de 4 heures par semaine.
Beaucoup d'entreprises qui n'étaient pas ouvertes au télétravail se sont aperçu que pendant le confinement leur entreprise a pu continuer à tourner tout à fait normalement. Cette prise de conscience a changé fondamentalement la vision e certains managers sur le télétravail.
Évidemment tous les métiers et tous les profils ne sont pas adaptés au télétravail, toutefois les personnes qui le pratiquent semble finalement plus performantes. La crise du Covid 19 a peut-être éveillé les conscience sur l'opportunité que représente le télétravail.
Après une expérimentation forcée par la crise sanitaires, de nombreuses start-up mais aussi de grands groupes ont choisi de pérenniser le télétravail sous différentes formes.
9. Absentéisme
Une récente étude de BVA pour WorkPlace Options confirme les bienfaits du télétravail occasionnel, les salariés qui le pratiquent auraient un taux d'absentéisme 3 fois plus faible à la moyenne des salariés (3,9%) Le télétravail aurait même un intérêt pour la prévention de la désinsertion professionnelle dans le cas de maladies longue durée.
10. Équilibre vie pro/vie perso
Pour limiter les risques psychologiques, il est important de se pencher sur la frontière entre la sphère privée et la sphère professionnelle, surtout quand les espaces de vie et de travail sont communs. Travailler où les enfants jouent et inversement créé un flou dans votre environnement mental et physique. Il est difficile de se déconnecter de l'environnement professionnel une fois la journée terminée et de se recentrer sur la sphère privée.
Rétrospective : une année de pandémie
Qu'en est-il de nos conditions de travail?
Lorsque l'on aborde le sujet des conditions de travail, les changements rencontrés peuvent se présenter en 4 étapes qui ont débuté avec le premier confinement. En France, nous entrons à peine dans l'étape 3, celle qui concerne les équipements ergonomiques lorsque l'on travaille à domicile.
- Dans un premier temps, les équipements technologiques devaient être adaptés pur travailler à domicile
- les collaborateurs devaient créer ou aménager un endroit propice pour travailler
- Nous devons maintenant nous assurer que nous travaillons depuis chez nous de manière saine et respectueuse de notre santé physique et mentale
- Nous devons réfléchir à un futur modèle de travail à domicile dans lequel les avantages et les inconvénient seront pris en compte.
Le premier point montre qu'il y a une réelle prise de conscience des entreprises, de nombreux emplois considéré avant la crise comme inadaptés au télétravail peuvent maintenant se faire à distance. Ce changement de dogme dans le monde du travail amène de plus en plus de salariés à vouloir pratiquer le télétravail à l'avenir.
Cependant, le télétravail a considérablement changé nos conditions de travail, les employés sont majoritairement assis et le manque d'outils adaptés quand ils travaillent à la maison entraine souvent des douleurs physiques.
Cette nouvelle réalité du travail à domicile augmente la nécessité d'un soutien et d'un accompagnement approprié de la part des employeurs. Les recherches montrent qu'un environnement sain et avec le moins de stress possible augmente l'efficacité et la motivation des collaborateurs.
Article rédigé par l'institut d'expertise BakkerElkhuizen